Depuis quelques semaines, nous entendons le mécontentement des experts-comptables suite à la réception d’un courrier leur annonçant une importante nouvelle hausse des tarifs du logiciel Silaé.
Silaé est un logiciel de gestion de la paie lancé en 2010, conçu pour répondre aux besoins spécifiques des cabinets d’expertise comptable. Sa particularité réside dans sa collaboration étroite avec ces professionnels, qui représentent une part importante de sa clientèle. En l’espace de quelques années, le logiciel est devenu un acteur majeur sur le marché de la paie, séduisant des milliers d’experts-comptables.
En 2020, l’éditeur de Silaé a été racheté par Silver Lake, un fonds d’investissement américain, pour près de 600 millions d’euros. Ce rachat a été suivi de plusieurs acquisitions stratégiques, telles que les entreprises IsiRH, DNS+ ou Andjaro, afin d’enrichir l’offre du groupe. Cette expansion a permis à Silaé de se renforcer sur le marché, bien que la société reste discrète sur ses résultats financiers.
Aujourd’hui, Silaé revendique plus de 900 000 entreprises clientes et génère l’édition de près de 7 millions de bulletins de paie. Un succès incontestable, mais qui se fait désormais au prix d’une montée en flèche des tarifs.
La récente augmentation des prix de Silaé inquiète particulièrement les experts-comptables. Le coût d’un bulletin de paie subit une hausse vertigineuse, on parle de plus de 700 % en quelques années, selon les informations révélées par des cabinets comptables. La question se pose : jusqu’où ces augmentations peuvent-elles aller, et quel impact auront-elles sur les cabinets ?
Cette révision tarifaire a semé l’inquiétude dans la profession. Cécile de Saint Michel, une experte-comptable interrogée par le site compta-online.com, a exprimé son désarroi face à cette situation : « Je suis dans l’incertitude quant à la position précise de Silaé sur cette révision tarifaire. Mais ce qui est indubitable, c’est que la position dominante de l’éditeur, qui explique la situation que nous connaissons aujourd’hui, est une conséquence de nos choix collectifs. En effet, 80 % des experts-comptables ont choisi de travailler avec cette entreprise, moi y compris. »
Les hausses des tarifs de Silaé représentent un véritable poids financier, surtout pour les petites et moyennes structures comptables. Lorsqu’un cabinet gère un grand volume de dossiers clients, le coût supplémentaire engendré par ces augmentations devient considérable, voire insupportable. Or, il n’est pas toujours possible pour ces cabinets de répercuter entièrement ces coûts sur leurs clients finaux, notamment dans un environnement économique où les entreprises cherchent à minimiser leurs dépenses.
Face à cette situation, de plus en plus de cabinets s’interrogent sur la pertinence de continuer à utiliser Silaé, et certains examinent d’autres solutions de gestion de la paie apparaissant comme des alternatives moins coûteuses ou plus adaptées à certaines typologies de clients.
Au début du mois d’octobre, l’IFEC, le syndicat des experts comptables, a annoncé qu’il allait saisir l’Autorité de la concurrence. Espérons que cela mettra en lumière les agissements de certains groupes sans scrupules et rappellera l’importance de la concurrence afin de garder la liberté de choix.
Et l’intérim dans tout ça ?
Le rachat de solutions informatiques par des fonds étrangers est inquiétant, surtout lorsqu’il est question du cœur de notre activité. Les logiciels de gestion des agences d’intérim seront-ils épargnés ? Rien n’est moins sûr, car un fonds anglais, le groupe PSG, a récemment racheté le groupe Enso-ex PLD, l’éditeur du logiciel Tempo/Armado, et s’intéresserait maintenant à un autre. Selon nos informations, Evolia et BeSTT auraient décliné leur proposition, sans doute plus intéressés par le bonheur de leurs clients que celui de leurs actionnaires.