Depuis le 1er janvier 2025, une réforme d’ampleur entre en vigueur dans le monde de la comptabilité française : le Plan Comptable Général (PCG) fait peau neuve. Moins de comptes, des états financiers modernisés, une annexe entièrement réorganisée… Derrière cette volonté de simplification et de transparence, la réforme impose aux entreprises une réelle mise à niveau. Pourquoi ce changement ? Que faut-il anticiper concrètement ? Décryptage d’une transition comptable aussi silencieuse qu’incontournable.
Qu’est-ce que le PCG
Le Plan Comptable Général (PCG) est un cadre normatif qui régit la comptabilité française. Il définit les comptes que l’on peut utiliser, les règles de présentation du bilan, du compte de résultat et de l’annexe ainsi que les principes comptables (prudence, continuité d’exploitation…). Jusqu’à la reforme du 1er janvier 2025, il existait trois versions du plan des comptes (abrégé, de base, développé) en fonction de la taille de l’entreprise, cela rendait complexe à expliquer et difficile à comparer d’une entreprise à l’autre.
La réforme du PCG 2025 a été introduite par le règlement n°2022-06 de l’Autorité des Normes Comptables (ANC) adopté en novembre 2022. L’objectif de cette réforme est la modernisation et l’harmonisation des pratiques et des normes comptables, en en renforçant la transparence et la comparabilité des états financiers. La réforme du PCG vise notamment à harmoniser les pratiques comptables, simplifier la tenue des comptes, digitaliser les processus comptables.
Quels sont les changements prévus dans le cadre de la réforme du PCG 2025 ?
- Un nouveau plan comptable unique
Avant l’entrée en vigueur de la réforme, il existait trois versions différentes du plan comptable (abrégé, de base, développé) en fonction de la taille de l’entreprise. Désormais il existe un plan comptable unifié, avec 1600 comptes. On constate également que certains comptes ont changé de nom ou de numéro. Enfin, pour plus de clarté, environ 400 comptes ont été supprimés faute d’utilisation.
Ainsi, le compte 791 « transfert de charges est supprimé. A la place, on doit utiliser des comptes plus spécifiques comme le 7088 pour refacturation ou le 7587 pour indemnité d’assurance perçues.
- Nouvelle définition du résultat exceptionnel
C’est l’un des éléments clés de la reforme du PCG 2025. Cette nouvelle définition impacte la comptabilisation des éléments financiers. Le résultat exceptionnel définit comme « tout évènement qui ne fait pas partie de l’activité courante de l’entreprise, qui a une influence sur la lecture des états financier et qui est peu probable d’être reproduit », sera limité aux opérations de produits et charges en lien avec un évènement majeur et inhabituel.
Cela signifie concrètement que des opérations qui étaient parfois comptabilisées comme résultats exceptionnels en 2024 (ventes d’immobilisations, subventions, reprises…) seront à comptabiliser dans le résultat d’exploitation.
Attention toutefois, cette qualification est propre à chaque entreprise ! Par exemple, un incendie dans un entrepôt est exceptionnel pour une agence web, mais peut être un risque courant (et donc non exceptionnel) pour une usine de produits chimiques. Tout dépend du contexte et de la fréquence des événements pour chaque entreprise.
Cette nouvelle définition présente différents avantages. Dans le compte de résultat, il n’y aura donc plus qu’une seule ligne pour les produits et les charges exceptionnelles. Ce résultat exceptionnel sera donc plus simple, plus clair, plus accessible.
- Suppression des transferts de charges
Jusqu’ici, les entreprises utilisaient des comptes de transfert de charges (comme les 791, 796 ou 797) pour reclasser certaines dépenses, notamment en cas de remboursement ou de refacturation. Ces comptes, souvent utilisés de manière générique, n’offraient pas toujours une lecture claire des opérations.
À partir de 2025, ces comptes disparaissent. Les écritures devront désormais passer par des comptes spécifiques et plus explicites, en fonction de la nature réelle de l’opération.
Exemple : un remboursement d’assurance sera enregistré directement en 7587, au lieu d’un compte 796 trop générique.
Pourquoi c’est une avancée ? Cela améliore la lisibilité des comptes, renforce la transparence des états financiers, et facilite la comparabilité entre entreprises. C’est aussi un vrai plus pour le pilotage et l’analyse interne.
- Modification du plan des comptes
Le plan des comptes avant la réforme comprenait plus de 2 000 comptes différents. Suite à la réforme, il n’en reste plus que 1 600. Cette réforme offre donc un plan comptable réduit et simplifié pour faciliter l’utilisation des comptes. Ce nouveau plan sera adapté à tous types d’entreprise, permettant de comparer plus facilement vos résultats avec ceux d’autres entreprises.
- Modernisation des états financiers
Avec la réforme du PCG 2025, les états financiers évoluent pour gagner en clarté et en lisibilité. Le bilan est désormais présenté sous forme de tableau, avec une séparation nette entre l’actif et le passif, facilitant la lecture des équilibres financiers. Le compte de résultat adopte une présentation en liste, linéaire et plus intuitive, ce qui rend les performances de l’entreprise plus faciles à analyser.
- Nouvelle présentation de l’annexe
L’annexe, quant à elle, fait l’objet d’une profonde restructuration. Elle devra intégrer des tableaux normés imposés selon la taille de l’entreprise (immobilisations, dettes, engagements, etc.), renforçant la comparabilité entre sociétés. Cette présentation plus structurée améliore non seulement la transparence, mais constitue aussi un pas vers une standardisation européenne, en lien avec les exigences croissantes en matière d’information financière et extra-financière.
La réforme du PCG 2025 amorce aussi l’intégration de la compatibilité durable dans les états financiers notamment à travers l’annexe. Désormais, l’annexe pourra inclure des informations extra-financières, en lien avec les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cette évolution s’inscrit dans la continuité de la directive européenne CSRD, qui impose progressivement aux entreprises de publier des données sur leur impact environnemental, social ou climatique. Cela marque une première convergence entre comptabilité classique et durabilité, en vue de bâtir une information plus complète et responsable.
Cette réforme du PGC 2025 a un impact concret et immédiat pour les entreprises. L’entrée en vigueur du nouveau Plan Comptable Général au 1er janvier 2025 impose aux entreprises une véritable phase d’adaptation. La première étape consiste à mettre à jour leur comptabilité : paramétrage des logiciels, suppression des anciens comptes obsolètes, intégration des nouveaux comptes (comme les 7587 pour les remboursements d’assurance ou les 7088 pour les refacturations). Cela suppose également une révision des modèles de bilan, de compte de résultat et d’annexe, désormais soumis à une présentation plus structurée et standardisée.
Cette évolution technique s’accompagne d’un besoin de formation pour les équipes comptables et financières. Il ne s’agit pas seulement de connaître les nouveaux numéros de comptes, mais aussi de comprendre la logique sous-jacente à la réforme : distinction plus rigoureuse entre les produits d’exploitation, financiers et exceptionnels, suppression des transferts de charges, traitement plus précis des subventions, etc. Une bonne appropriation est indispensable pour limiter les erreurs comptables, mais aussi pour garantir la cohérence des états financiers dans la durée.
L’impact se fait également sentir sur les documents financiers eux-mêmes : avec une nouvelle organisation des données comptables, les états sont plus lisibles, plus comparables d’une entreprise à l’autre, et plus facilement exploitables par les tiers (banques, investisseurs, commissaires aux comptes). Cette transparence accrue renforce la fiabilité des comptes, mais implique aussi une plus grande rigueur dans la production des annexes, notamment avec les nouvelles exigences en matière d’information extra-financière et durable (ESG).
Dans ce contexte, le rôle des experts-comptables devient central. Leur expertise est nécessaire pour accompagner la transition : relecture des plans de comptes, accompagnement à la formation, paramétrage des outils, adaptation du reporting, et identification des impacts fiscaux ou sociaux (par exemple sur la participation des salariés ou les indicateurs de performance). Cette réforme renforce ainsi leur position de partenaire stratégique dans la gestion et la conformité des entreprises.
Avec la réforme du Plan Comptable Général, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour la comptabilité des entreprises françaises. Si les objectifs de simplification, de lisibilité et d’harmonisation sont clairs, la mise en œuvre concrète nécessite anticipation, rigueur et accompagnement. Derrière les ajustements techniques, c’est une vision plus moderne et plus transparente de l’information financière qui s’installe.
Cette transition pourrait aussi marquer une étape vers une comptabilité plus durable, intégrant peu à peu les enjeux sociaux et environnementaux dans les états financiers.