RIP : la Commission Européenne enterre les plateformes d’autoentrepreneurs

A quelques mois des Jeux Olympiques, la Commission Européenne sonne le glas des plateformes d’autoentrepreneurs. En ligne de mire, l’uberisation des travailleurs. La nouvelle mesure met un gros coup de pied dans la fourmilière des emplois précaires. Le but ? Obliger les employeurs à se réconcilier avec les contrats, même court, permettant d’offrir une protection sociale comme les CDD ou l’intérim. Cette mesure tombe à pic ! D’après de nombreuses rumeurs, le Comité a massivement fait appel à des « bénévoles » ainsi qu’à des autoentrepreneurs pour répondre à ses besoins olympiques. Mais c’est aussi le grand plongeon pour les centres d’appels ayant longtemps bénéficié de ce vivier de travailleurs sans droit, pas cher. Dans le secteur de la relation client, certains acteurs devront sortir leurs rames !

Au fil des années, de nombreux centres d’appels (BPO) ont adopté une stratégie consistant à remplacer progressivement les employés salariés par des travailleurs indépendants, leur permettant de travailler depuis chez eux ou sur place. Cette pratique, souvent appelée « ubérisation » en référence à la plateforme de covoiturage Uber, a généré des économies substantielles pour les entreprises grâce à une réduction des coûts de la masse salariale.

Cette tendance a suscité de vives préoccupations concernant les conditions de travail des téléconseillers, qui sont exposés à une précarité accrue en tant qu’autoentrepreneurs, avec des revenus fluctuants et peu voir pas de protections sociales. Cette pratique a également soulevé des questions sur la qualité du service client, avec des travailleurs potentiellement moins investis dans leur rôle en raison de leur statut d’indépendant.

La décision de la Commission Européenne d’interdire l’ubérisation des salariés vise à remédier à ces problèmes en réaffirmant les droits des travailleurs et en régulant les pratiques des entreprises de BPO. En imposant des normes plus strictes en matière d’emploi et de conditions de travail, cette mesure cherche à garantir une meilleure protection des droits des téléconseillers tout en maintenant des normes élevées de service client.

Cette décision est saluée par de nombreux syndicats et organisations de défense des droits des travailleurs, qui voient en elle une avancée majeure dans la lutte contre la précarité et l’exploitation dans le secteur du BPO. Cependant, elle suscite également des réactions mitigées de la part des entreprises de sous-traitance, qui devront désormais revoir leur modèle économique et s’adapter à ces nouvelles réglementations.

Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement les répercussions de cette décision sur l’industrie du BPO en Europe. Cependant, il est clair que cela marque un changement important dans la manière dont les entreprises gèrent leur main-d’œuvre et souligne l’importance croissante de garantir des conditions de travail équitables et dignes pour tous les travailleurs, quel que soit leur statut d’emploi.

 

Les 4 mesures phares :

  • Les États membres établiront dans leurs systèmes juridiques une présomption légale d’emploi, qui sera déclenchée lorsque des faits témoignant d’un contrôle et d’une direction sont constatés
  • Les faits en question seront déterminés selon le droit national et les conventions collectives nationales, eu égard à la jurisprudence de l’UE
  • Les personnes exécutant un travail via une plateforme, leurs représentants ou les autorités nationales peuvent invoquer la présomption légale et soutenir que les personnes concernées ont été classées dans la mauvaise catégorie
  • Il incombe à la plateforme de travail numérique de prouver l’absence de relation de travail

Source :  Consilium (europa.eu)